Guide du militant

Denis Langlois édition du seuil 1972

Les associations

Rares sont les actes politiques qui peuvent être accomplis par des hommes seuls. Le groupe dans la mesure où il n’aliène pas l’individu, est donc la formule la mieux adaptée à l’action militante. Le pouvoir l’a si bien compris qu’il s’est constamment efforcé de limiter le droit de constituer des associations. Tous les individus, à partir du moment où ils sont au moins deux, peuvent selon les termes même de la loi, conclure « une convention par laquelle ils mettent en commun d’une façon permanente, leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que de partager des bénéfices ».

La convention n’a pas besoin d’être écrite, elle peut être orale ou même tacite. La notion de permanence différencie l’association de la réunion qui n’a qu’un caractère provisoire. Quant au but non lucratif des associations, il permet de les distinguer des sociétés commerciales qui visent à faire fructifier un capital. Cependant, toute action militante exige un minimum d’organisation et le groupe, inorganisé au départ, est généralement amené à se doter de structure et à obéir à certaines règles. Le problème est de ne pas tomber dans la bureaucratie, la centralisation et la hiérarchisation des
membres constituant le groupe. C’est là un écueil auquel on se heurte très rapidement et il convient d’être particulièrement vigilant à cet égard. Il peut se créer très vite une sorte de mandarinat avec des dirigeants qui s’arrogent le droit de donner des ordres et de prononcer l’exclusion de tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. L’association finit par être la propriété de quelques-uns, les autres n’étant plus que des exécutants. Or, en matière d’action militante, il est une règle absolue : aucun groupe ne peut fonctionner très longtemps de façon satisfaisante si les décisions n’émanent pas en fait de la base, c’est à dire de tous ceux qui
auront à les exécuter.

À savoir

Se déclarer : en général agir en pleine lumière, mais capable du jour au lendemain de passer à la clandestinité en période de répression. Car la répression policière n’est pas seulement du folklore.

Déclaration de l’organisme : mentionner le titre et le but, voir les lois en vigueur pour les entrées d’argent, souplesse dans les statuts pour ne pas restreindre les champs d’action. Profession et lieux de résidence de trois ou quatre membres du conseil d’administration.

Financement : vente de journaux, livres, brochures, dons, etc. ne doivent pas répartir les bénéfices entre ses membres, mais les verser dans sa caisse. Posséder tous les meubles (matériel de bureau, d’imprimerie, etc.. ), mais côté immeuble, être proprio que d’un local ou d’un immeuble en lien strictement nécessaire à l’accomplissement du but qu’elle se propose.
Manifestation: aviser la police des intentions et du parcours au moins deux semaines à l’avance. Dénoncer les manifestants qui ne respectent pas les règles de la désobéissance civile non violente.

Prison : les prisonniers ont droit de consulter les règlements intérieurs, rien dire sans son avocat.

Quand tu choisis de pardonner à ceux qui te font du mal. Tu supprimes le pouvoir qu’ils ont sur toi. (Ekhart Tolle)

Une réflexion au sujet de « Guide du militant »

  1. Denis Langlois a publié en 1979 un « Nouveau guide du militant », mais on peut lire avec profit l’un de ses derniers bouquins « Et si la révolution était possible » (éditions Scup-La Déviation, 2018). Il y parle d’une révolution non-violente.

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